AVONS-NOUS ABANDONNÉ NOTRE ENFANT

MERIEM MENDILI
Coach certifiée en programmation
neurolinguistique & neurosciences
En collaboration avec
François Morency, B. Ph., MBA

À la lecture de l’excellent article de Marie-Ève Fournier intitulé « Qu’est-ce qui cloche avec nos enfants ? » (La Presse, 28 mai 2023), nous apprenons que — pour chaque deux classes — nos enfants doivent avoir un préfet de discipline (TÉS), le directeur de l’école doit posséder des habiletés physiques pour contrôler les plus récalcitrants quand la tâche n’est pas déléguée directement à la police ou aux ambulanciers. Nos enfants sont devenus des électrons libres extrêmement difficiles à instruire, à socialiser, à discipliner. L’acquisition des connaissances nécessaires à la vie en société devient une mission impossible 


Entre le primaire et le secondaire, le taux d’Élève Handicapé ou en Difficulté d’Adaptation ou d’Apprentissage (EHDAA) atteint les 20 à 30 % selon le niveau. La progression continue. La violence verbale et physique est présente dans près de la moitié des classes. Les tablettes, les téléphones intelligents et les jeux ont isolé nos enfants dans un monde virtuel solitaire, loin de toute capacité d’êtres en relation avec un autre élève. Ils lancent des chaises, crient, mordent, insultent : « Et puis, les enfants ne s’endurent pas »

Rappelons-nous l’apparition de ces jeux électroniques autour de nos repas de famille. Pernicieusement, ils se sont établis autour de la table pour occuper nos enfants et faciliter nos conversations d’adultes. Rapidement, nous sommes devenus incapables de communiquer avec notre enfant. Notre moindre question l’irritait en lui faisant perdre des points dans le cours de sa partie. Un mur de silence se construit ne laissant que l’autorité parentale comme seul moyen d’établir un contrôle sur notre enfant, pourtant le centre de notre vie de parents

Une approche multidisciplinaire

Selon nos champs de compétences (neurolinguistique & neurosciences), nous avons acquis une compréhension approfondie du fonctionnement du cerveau et des mécanismes sous-jacents aux troubles de l’enfance. Cela nous a permis de développer des approches éducatives basées sur des preuves scientifiques, adaptées aux besoins spécifiques des enfants en difficulté. En utilisant des méthodes d’apprentissage multisensorielles, nous sollicitons différentes régions du cerveau pour renforcer l’attention et la mémorisation chez les enfants atteints de TDAH. Nous adaptons la communication et les stratégies d’enseignement pour répondre aux besoins individuels des enfants en difficulté. Nous privilégions des techniques de communication positives et des modèles d’apprentissage basés sur les forces et les préférences des enfants pour susciter leur engagement et leur motivation. Nous avons eu l’opportunité de valider nos approches dans plusieurs pays : l’Europe, le Maghreb, les États-Unis ainsi que le Québec

Dès le début, nous avons compris que les spécialistes ne doivent pas travailler en silo. La psychologie, la médecine, l’orthopédagogie, la nutrition, l’entraînement sportif et bien d’autres spécialités doivent intervenir afin que l’action soit concertée pour contribuer au bien-être de nos enfants. L’école manque de ressources. Avec l’engagement des parents, une coordination des ressources de l’école, des hôpitaux, des policiers et des CLSC est possible afin d’encadrer nos enfants dans un programme de réhabilitation. Le but recherché est de leur permettre de poursuivre leurs études et le développement de leur socialisation, dans une atmosphère sereine. Le ministère de l’Éducation doit s’engager dans un tel programme afin de sauver l’avenir de nos enfants. En n’intervenant pas rapidement, nous risquons de perdre plusieurs générations d’enfants : des illettrés, de nombreux abandons d’études, une pénurie de main-d’œuvre spécialisée et professionnelle… Les enjeux sont majeurs pour notre société, et surtout pour nos enfants 

Un chemin de solutions

Le plus gros handicap de nos enfants est leur grande dépendance à toute la gamme de leurs objets électroniques. Ils sont véritablement intoxiqués. Il faut les sevrer graduellement en intégrant d’autres activités comme : faire du vélo, aller jouer dehors avec les amis, visiter les parcs publics, s’intégrer à des équipes sportives, lire un livre (bibliothèque), conversation personnelle avec l’écoute des parents… En faisant ces activités en famille et en diversifiant les approches, nous favoriserons le déclic chez nos enfants vers d’autres activités qu’ils apprendront à aimer. L’ignorance ne favorise pas l’Amour de soi et des autres. L’intensification de la vie familiale est un principe actif qui a toujours participé à l’évolution de l’enfant

Tant à l’école qu’à la maison, les activités sportives peuvent être une excellente façon pour les enfants de canaliser leur énergie et de réduire leur stress. L’exercice physique libère des endorphines, qui favorisent le bien-être et peuvent aider à atténuer les sentiments d’agression et de colère. Les activités sportives en groupe offrent aux enfants l’occasion d’interagir avec leurs pairs, d’apprendre à travailler en équipe, de respecter les règles et de gérer l’arbitrage des conflits d’une manière saine. Ces compétences sociales peuvent contribuer à réduire l’agressivité et à favoriser des relations positives

Une alimentation saine et équilibrée peut avoir un impact positif sur l’humeur et le comportement des enfants. La science a démontré que la réduction des sucres — voir leur élimination — pouvait éliminer les symptômes du TDHA. Une consommation adéquate de nutriments essentiels, tels que les vitamines, les minéraux et les acides gras oméga-3, peut aider à soutenir la santé mentale et à réduire l’irritabilité et l’agressivité. Avec des repas réguliers et des collations saines, elle peut contribuer à maintenir des niveaux d’énergie stables tout au long de la journée. Cela peut aider à prévenir les fluctuations de glycémie qui peuvent aggraver l’agitation et les sautes d’humeur. Certains aliments, tels que les fruits, les légumes, les grains entiers et les protéines maigres, peuvent soutenir la concentration et la fonction cognitive. En fournissant aux enfants une alimentation équilibrée, on peut favoriser leur capacité à gérer leurs émotions et à réagir de manière appropriée aux situations de frustration

Encourager l’enfant à participer à des activités récréatives et artistiques peut favoriser l’expression émotionnelle, la créativité et la gestion du stress

Il est important de noter que l’activité physique, récréative, artistique et l’alimentation ne sont qu’une partie de l’approche globale pour aider les enfants rencontrant des difficultés comportementales. Ces aspects devraient être combinés avec d’autres interventions, telles que la thérapie, l’éducation spécialisée et le soutien familial, pour obtenir des résultats optimaux

L’Éducation

Devant ces nouveaux phénomènes, les parents sont dépourvus de modèles adéquats pour encadrer et soutenir leur enfant. Leurs parents n’ont rien vécu de similaire. Il faut leur mettre en place des ateliers et des séminaires pour les informer sur les troubles et les meilleures pratiques d’accompagnement. Cela leur permet de comprendre les besoins spécifiques de leur enfant et d’apprendre des stratégies d’intervention efficaces. En complément, le gouvernement devrait développer des brochures et des sites internet pour favoriser les échanges entre les parents vivant la même situation

Les enseignants doivent également être formés à cette nouvelle réalité. Le Ministère doit mettre à leur disposition des ressources pédagogiques adaptées aux besoins spécifiques des enfants en difficulté. Cela peut inclure des manuels scolaires avec des instructions claires, des exercices pratiques, des supports visuels, des enregistrements audio pour les enfants rencontrant des difficultés de lecture, des outils de renforcement positif… Par exemple, fournir des fiches de référence avec des stratégies d’enseignement adaptées au TDAH ou des outils de communication visuelle pour les enfants ayant des troubles du langage

Nos enseignants doivent relever le défi de cette nouvelle génération de solitaires électroniques. Ils ont besoin de soutien professionnel tel que des groupes de discussion réguliers où les enseignants peuvent partager leurs expériences, discuter des défis rencontrés et recevoir des conseils d’autres enseignants expérimentés ou de professionnels de la santé et de l’éducation. Cela peut être réalisé sous la forme de réunions de groupe, de séances de supervision individuelles ou de programmes de mentorat

En fournissant aux parents et aux enseignants des ressources pratiques comme mentionné, nous pouvons alléger la surcharge de travail et améliorer l’accompagnement des enfants en difficulté. Cela nécessite également une collaboration étroite entre les professionnels de différents domaines et une reconnaissance de l’importance de soutenir ces enfants dans tous les aspects de leur vie. Ensemble, nous pouvons créer un environnement inclusif et bienveillant où chaque enfant a la possibilité de s’épanouir et de réussir. N’abandonnons pas nos enfants  

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