Belgique..Déposer du cash à la banque ? C’est compliqué pour les commerçants

Les paiements électroniques sont de plus en plus nombreux. Cependant, dans les commerces, les paiements en liquide n’ont pas pour autant disparu, loin de là. Pour les commerçants, il est donc toujours nécessaire, d’aller régulièrement déposer l’argent de la recette à la banque pour le verser sur un compte. L’époque où le commerçant pouvait se rendre à peu près tous les jours à un guichet et remettre son argent à un employé est de plus en plus lointaine. Rares sont les banques et les agences qui offrent encore un tel service. C’est bien souvent via une machine que les versements d’argent se font. Et là, pour les commerçants, c’est loin d’être la panacée. Il n’est pas rare que des machines soient en panne ou soient “pleines”, n’acceptant plus de billets. Pour certains commerçants, ce procédé est aussi plus risqué en termes de sécurité. C’est ce qu’ont constaté nos équipes.

Pour commencer, un petit passage dans un salon de thé namurois. Ici, le montant moyen de l’addition est peu élevé, une quinzaine d’euros selon le patron. Une partie de la clientèle continue à payer en cash. Dans ce commerce, accepter les pièces et les billets ne pose pas de problème. Ce qui est plus compliqué, c’est lorsqu’il faut apporter la recette à la banque.

“Le service à la banque n’est plus le même qu’avant”, constate Henry de Hucorne, le patron. Pour déposer le cash du jour, il doit désormais passer par un guichet automatique, une machine, dans le hall de l’agence. “Avant il y avait un service d’un banquier qui nous prenait en charge dans un bureau fermé, à l’abri des regards”, regrette-t-il. Aujourd’hui, “c’est quand même assez problématique. Quand on a des grosses sommes d’argent, cette opération ne se fait pas en une minute. Donc il y a quand même un risque”, explique Henry de Hucorne. “On essaie d’y aller à des moments où il n’y a pas trop de monde pour des raisons de sécurité”, poursuit-il.

Moins pratique qu’avant, moins sûr, c’est aussi le constat que dresse Charlotte Mathieu, coiffeuse à Bruxelles. “C’est compliqué, car il y a moins d’endroits, il y a du monde, on perd du temps. Donc, je reporte, donc je me retrouve avec mon cash sur moi. Donc, ce n’est pas pratique du tout”, explique-t-elle.

Encore faut-il que la machine fonctionne au moment où le commerçant vient déposer sa recette. C’est ce qu’explique Luc Coene, restaurateur à Hannut. “Je me suis retrouvé au moment des fêtes à ne pas savoir déposer un jour. J’ai dû attendre le lendemain ou le surlendemain pour pouvoir déposer”, raconte-t-il. “Il y a des fois où les machines sont en panne ou bien les machines sont pleines. Cela arrive aussi, peu importent les banques”, constate de son côté Nadine Mengels, commerçante à Hannut et coprésidente de l’Union des commerçants de la ville.

Du côté des commerçants, il n’y a pas que les versements de cash qui posent problème. Les retraits d’argent sont aussi plus compliqués qu’avant. Retirer de la monnaie pour constituer un fond de caisse ne s’improvise pas. Selon les banques, il faut prévoir plusieurs jours de délais et prendre rendez-vous pour retirer des pièces de monnaie.

Ces constats sont relayés par l’UCM, l’Union des Classes Moyennes. “Le service de dépôt à la banque, un peu comme tous les services bancaires s’est un peu dégradé ces dernières années”, explique Olivier Vandenabeele, conseiller économique à l’UCM. “C’est fou d’arriver à un distributeur et de vouloir déposer son cash, parfois c’est quand même des sommes relativement importantes, et d’avoir un message comme quoi le distributeur est rempli”, estime Olivier Vandenabeele. “Qu’est-ce qu’on fait dans ces cas-là ? Parce que souvent, pour se rendre au prochain distributeur, il faut reprendre sa voiture. Et ce n’est pas pour deux ou trois kilomètres, car c’est dans le village, voire la ville à côté qu’il faut aller”, poursuit-il.

Et l’UCM d’en appeler à un meilleur service rendu par les banques. “Le cash a cours légal. Pouvoir payer en cash est un droit pour les citoyens”, rappelle Olivier Vandenabeel. “Du coup, les banques doivent jouer le jeu de mettre du cash à disposition dans la société. Cela veut dire proposer des distributeurs, mais aussi proposer des espaces où on peut déposer facilement son cash sans risque, rapidement et sans frais”, demande-t-il.

Et la question est posée : faut-il que le pouvoir politique s’en mêle ? “C’est un peu fou qu’il ait à le faire, mais oui, on pense que le politique, si tout le monde ne joue pas le jeu, doit pouvoir intervenir”, estime Olivier Vandenabeele.

Pour le secteur bancaire, les banques se sont adaptées aux changements de comportement des consommateurs

Interrogée sur le sujet, Febelfin, la fédération du secteur bancaire renvoie à la politique de chaque banque. “Pouvoir déposer ou pas du cash en agence, ça va dépendre des banques, mais aussi d’agences au sein d’une même banque. Il peut y avoir des banques qui vont inviter leurs clients à aller dans un distributeur pour déposer de l’argent”, explique Charline Gorez, porte-parole de Febelfin.

Pour ce qui est des risques pris par les commerçants quand ils se rendent aux automates bancaires, chez Febelfin, on explique que “la majorité des distributeurs, pour les dépôts de cash, sont à l’intérieur” et que “le sentiment de sécurité qu’on peut avoir est sûrement plus élevé à l’intérieur qu’à l’extérieur”.

Febelfin rappelle aussi “les banques et les agences évoluent vers une fonction de conseil” et qu'”au niveau des opérations de bas, on voit un changement du comportement des consommateurs”. Bref, les banques s’adaptent à ces changements. “Depuis quelques années, il y a moins de cash en agence, notamment pour des raisons de sécurité. C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a moins de braquages au niveau des agences bancaires”, explique Charline Gorez, de Febelfin.

RTBF

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