Elections communales,des candidats dits “fantômes” sur des listes électorales récoltent plus de 1000 voix aux communales.

Par : journaliste Zin Chai
22 octobre 2024

Comment cela a-t-il pu se produire ?

La capacité de ces candidats “fantômes” à récolter un grand nombre de voix semble déroutante à première vue. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène. Premièrement, l’évolution des dynamiques électorales, avec des candidats inconnus du grand public mais bénéficiant d’un réseau communautaire ou social fort, peut influencer les résultats. Le recours aux réseaux sociaux et à des campagnes ciblées sur des problématiques locales et communautaires peut rapidement mobiliser un électorat spécifique.

Qui a voté pour ces listes ? Quelles sont les causes ?

L’électorat ayant choisi ces listes, comme celle du Team Fouad Ahidar, semble motivé par des préoccupations spécifiques souvent négligées par les grands partis traditionnels. Des thématiques comme la défense des droits des minorités, la représentation culturelle, religieuse, ou encore l’attention portée à des questions internationales comme le conflit à Gaza ont certainement joué un rôle central. Le manque de prise en compte de ces préoccupations par les partis établis a pu créer un vide que des listes comme TFA ont su combler.

En quelques mois, TFA pulvérise les élections : où étaient les grands partis ?

L’ascension rapide de TFA aux élections régionales et fédérales démontre un changement dans la manière dont les citoyens perçoivent et s’engagent en politique. Les grands partis démocratiques, bien qu’ils aient traditionnellement dominé la scène politique, semblent avoir perdu le contact avec une partie de la population. Ce décalage peut s’expliquer par une incapacité à répondre aux nouvelles réalités sociales et politiques locales.

L’influence des événements internationaux, comme Gaza

Des événements internationaux, notamment le conflit en Palestine, résonnent fortement dans des communautés comme celles de Molenbeek, où la diaspora maghrébine et musulmane est largement présente. Ces enjeux renforcent un sentiment d’identification à des causes perçues comme étant marginalisées par les grandes institutions politiques.

L’implication des politiques dans les religions

La question de la religion en politique est souvent un terrain délicat. Lorsque les grandes institutions politiques adoptent des positions perçues comme étant contre certaines pratiques religieuses (comme le port des signes religieux ou l’abattage rituel sans étourdissement), cela peut provoquer une réaction inverse au sein des électorats concernés. Cette implication négative peut renforcer le sentiment de crise identitaire et pousser les électeurs vers des partis qui défendent explicitement leurs droits religieux garantis par la Constitution belge.

Le rôle des médias et la visibilité des petits partis

Les médias ont souvent tendance à accorder plus de visibilité aux grands partis, ce qui relègue les petits partis dans l’ombre. Cependant, cette fois, les médias traditionnels ont offert une visibilité inégalée, notamment après les déclarations de Fouad Ahidar sur Zinneke TV, qualifiant la riposte du 7 octobre de “petite réponse”. Cette dynamique a visiblement joué en faveur du parti communautaire TFA, qui s’est également concentré sur une communication directe avec sa base électorale via les réseaux sociaux et des canaux alternatifs.

Crise d’identité chez une partie de l’électorat des minorités

Une crise d’identité palpable semble toucher une partie des minorités, exacerbée par le sentiment d’être ignorées ou mal représentées par les partis traditionnels. Cela pousse certains à se tourner vers des options politiques plus radicales ou communautaires, où ils se sentent écoutés et défendus.

Conséquences si ce parti entre dans le gouvernement

Si un parti communautaire comme TFA devait entrer au gouvernement, les conséquences pourraient être multiples. D’une part, cela pourrait renforcer la polarisation politique, avec des partis traditionnels cherchant à recentrer leur discours pour ne pas perdre davantage d’électeurs. D’autre part, cela pourrait aussi amener une plus grande diversité de voix et de perspectives au sein du gouvernement, forçant une réflexion plus profonde sur les enjeux de représentation des minorités.

L’émergence de listes comme TFA est un signal d’alarme pour la démocratie. Elle révèle un fossé grandissant entre les attentes de certains électorats et les réponses fournies par les grands partis, tout en soulevant des questions sur l’avenir de la cohésion sociale et politique.

Ainsi, les votes pour ces listes, comme TFA, reflètent un désir de changement et de reconnaissance de la part d’une population souvent oubliée dans le paysage politique traditionnel.

Un parti communautariste est-il dangereux pour la démocratie ?

Un parti communautariste peut être perçu comme dangereux pour la démocratie s’il privilégie les intérêts d’un groupe spécifique au détriment de l’ensemble de la société. Dans une démocratie, l’un des principes fondamentaux est l’inclusivité, c’est-à-dire la représentation de l’ensemble des citoyens, indépendamment de leur origine, religion, ou identité. Un parti qui se concentre sur les revendications d’une seule communauté risque de fragmenter la société, en exacerbant les divisions et en marginalisant d’autres groupes.

Cela peut entraîner des tensions sociales, une polarisation accrue et nuire à la cohésion nationale. Cependant, il est important de distinguer entre la représentation légitime d’une communauté qui cherche à faire entendre sa voix et un communautarisme exclusif qui prône des intérêts étroits au détriment du bien commun.

Dans une démocratie saine, le pluralisme est une force, mais il doit s’accompagner de dialogue et de respect des droits de tous.

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