GRANBY, MON AMOUR, JE T’AIME

Jaouad El

Le 19 mai dernier, les édiles de la municipalité de Granby ont fait exécuter leur décision d’expulser tous les itinérants de leur centre-ville. Une importante concertation des forces de police, des travaux publics et des services sociaux s’est mobilisée pour ce démantèlement impromptu. L’objectif de cette mission municipale aurait pu être la compassion, en relogeant ces itinérants dans un centre d’hébergement ou un centre hospitalier. Ils auraient pu alors recevoir l’assistance et les soins de base pour leur dignité humaine. Même en habitant la rue, ces itinérants demeurent nos concitoyens. Leur malchance ne doit pas être stigmatisée, en les bannissant de Granby

Sans domicile fixe, ils n’ont pas droit à l’aide financière sociale. Certains ont des problèmes de consommations, de produits illicites ou d’alcool. D’autres devraient être traités pour des maladies physiques ou psychiques. L’ensemble de ces itinérants doit quêter pour assurer un minimum de survie. Toutes les villes d’importance trouvent une solution pour prendre soin de ces populations démunies. Elles sont concernées

À l’image d’autorités d’extrême droite, les édiles de Granby ont élaboré leur solution finale

Comme pour un camp de réfugiés, les itinérants ont été éconduits au terrain adjacent au Cimetière Notre-Dame de Granby. Tracteurs et policiers ont orchestré le nettoyage. Rien n’a été négligé pour soumettre ces itinérants à la volonté de Granby : les éliminer du centre-ville. Sans aucune considération, les femmes sont regroupées avec les hommes. Les spécialistes sociaux craignent que cette promiscuité entraîne des contaminations, des viols, des intoxications entre les différents membres de cette communauté forcée d’itinérants. Granby fait le grand ménage en ostracisant tous les itinérants de sa ville. Granby les condamne à l’extinction : aucun service, aucun soin, aucune hygiène, aucun traitement médical, aucun hébergement, aucune nourriture… Le Cimetière Notre-Dame de Granby devient leur seul environnement

Près du Cimetière Notre-Dame, un membre des Jeunes Ambassadeurs de Granby nous informe que les itinérants n’ont pas le droit à l’aide sociale, s’ils n’ont pas d’adresse fixe. Pour avoir droit à un appartement dans un HLM, l’itinérant doit avoir un revenu : au minimum l’aide sociale. Pour recevoir des soins médicaux, ils doivent également fournir une adresse

Pourquoi Granby a-t-elle décidé de regrouper ses itinérants dans ce camp de réfugiés, avec notre cimetière

Le Cimetière est une terre sacrée sur laquelle les familles se recueillent pour honorer ses chers disparus. Cette tradition appartient à chaque grande religion. Ce Cimetière est une terre chrétienne que tous les gouvernements doivent respecter. Ce n’est jamais une question de laïcité. Quelle ville du Québec oserait établir un campement d’itinérants adjacent à un cimetière ? Quelle institution s’exposerait à une telle profanation ? Cette conjoncture inusitée fait craindre tous ceux qui désirent se recueillir sur les tombes des membres de leur famille

Des internautes s’inquiètent de la sécurité de cette mesure d’héberger les itinérants près du Cimetière Notre-Dame de Granby. Le Cimetière va-t-il devenir un dépotoir ? La solution véritable ne serait-elle pas de les confier à un centre d’hébergement ou à un hôpital selon leur besoin

D’autres citoyens craignent d’aller se recueillir auprès de leurs défunts par peur de croiser un de ces itinérants, lesquels sont en pleine situation de survie

Certains autres citoyens expriment leur honte quant au traitement infligé à ces itinérants : une horreur

Disposant d’une population de 70 300 habitants — la 16e plus grande ville du Québec — Granby ne serait-elle pas en mesure de prodiguer des soins dignes et respectueux pour quelques dizaines d’itinérants ? Qui pourra entendre le cri silencieux du désespoir de ces itinérants, confinés à un camp de réfugiés ? Voudriez-vous y placer l’un de vos parents ? En 2023, au Québec

Communication Québec pourrait-elle nous indiquer quels organismes seront capables de s’occuper de l’itinérance à Granby, à défaut de la Ville

La Commission des droits de la personne

Ministère de la Santé et des Services sociaux

La Condition féminine (municipale, provinciale ou fédérale)

Création de logements sociaux

Le CREMIS (Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté
…….

Le gouvernement du Québec dénombre quelque 6 000 itinérants, répartis partout dans la province en 2022. Il a établi un plan d’action 2021-2026 dont les axes sont : la prévention, l’accompagnement et l’intersectorialité. Aucune de ces politiques ne mentionne que le traitement préconisé des itinérants est de les isoler dans un camp de réfugiés, sans aucune ressource pour en prendre soin dignement, à l’exception d’une toilette chimique

Nous aimons Granby profondément. Mais cette injustice nous blesse en plein cœur. Pour l’amour de Granby, nous demandons toute l’aide disponible pour secourir ces itinérants démunis et privés de leur droit à une dignité humaine ! Nous ne sommes pas en Iran ni au Soudan : Nous sommes à Granby,PQ

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