Une nouvelle asbl qui possède les mêmes attributs statutaires que l’EMB, l’Exécutif des Musulmans de Belgique a été créée.
Coïncidence ou pas, l’adresse de son siège social est la même que celle de l’Exécutif… de là à penser que les autorités, et notamment le ministre de la Justice responsable de la gestion des cultes, souhaitent évincer définitivement l’EMB de la scène, il n’y a qu’un pas.
Mais plus encore, quelle place pour la communauté musulmane dans ce débat ? Éléments de réponses.
Pour rappel, par son arrêté royal du 29 septembre 2022, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne avait retiré la reconnaissance de l’EMB en tant que représentant officiel du culte musulman, mettant un terme à une relation houleuse.
Une décision qui avait été vivement contestée par l’Exécutif. Mais récemment, la création d’un nouvel organe est venue redistribuer les cartes.
Le Conseil Musulman de Belgique a clairement dans ses statuts l’objectif de remplacer l’EMB dans ses fonctions : « L’Association est, de façon provisoire, l’entité prenant en charge le dialogue entre les communautés musulmanes de Belgique et l’autorité civile ainsi que toute tierce partie intéressée et ce, de la manière la plus étendue.
Elle organise le renouvellement définitif de l’Organe représentatif du culte islamique de Belgique. » L’organe transitoire doit aboutir à la création d’un organe définitif d’ici deux ans.
Par son arrêté royal du 29 septembre 2022, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne avait retiré la reconnaissance de l’EMB en tant que représentant officiel du culte musulman,
Une nouvelle croisade selon l’Exécutif
La réaction de l’Exécutif ne s’est pas fait attendre. L’organe dénonce purement et simplement un « nouveau coup de force du ministre de la Justice à l’encontre de l’Exécutif des Musulmans de Belgique ». Les autorités en charge du culte musulman vont plus loin et parle de véritable “croisade” contre les représentants du culte musulman. Une décision qui aurait été prise « au mépris du principe de séparation de l’Eglise (la Mosquée en l’occurrence) et de l’Etat, de la liberté de culte et de son autonomie » estime l’EMB dans un communiqué.
Un quatuor de membres actifs
Le Conseil Musulman de Belgique est donc une asbl chargée des mêmes missions que l’EMB, à savoir la gestion des affaires du culte musulman qui comprend la supervision des dossiers relatifs au culte islamique : désignation des enseignants de religion islamique, des aumôniers, la mise sur pied de parcelles dans les cimetières, ou encore l’expression de la voix des musulmans dans les différents médias,…
L’organe transitoire est composé de quatre membres : Mimoun Aquichouh, Taha Zaki, Esma Uçan et Michaël Privot.
Mimoun Aquichouh, est le président de la mosquée « An Nasr » de Vilvoorde, et président de la fédération des mosquées de Flandre.
Taha Zaki est délégué de l’Union des mosquées de Bruxelles.
Esma Uçan, la représentante féminine du quatuor, est d’origine flamande, domiciliée à Anvers, et très active localement. Elle est présidente de Mahara, l’organisation islamique de mise en réseau d’étudiants et alumni dont l’objectif est de mettre en avant les compétences des étudiants musulmans.
Enfin, le dernier membre et certainement le plus connu médiatiquement, l’islamologue verviétois Michaël Privot.
Un énième nouvel organ
« On espère que cette fois-ci ce sera la bonne » espère d’emblée Michaël Privot, membre du Conseil Musulman du culte.
« Nous travaillons depuis trois ans sur ce projet. Le ministre de la justice avait lors de l’éviction de l’ancien président de l’Exécutif Salah Echalaoui appelé les communautés musulmanes à se mobiliser et à formuler des propositions. D’autres projets ont été soumis, finalement c’est le nôtre qui a été retenu. Notre mission est délimitée dans le temps, notre mission est de former l’organe définitif qui représentera les musulmans de Belgique, et qui, à défaut de faire consensus, sera au moins soutenu » explique l’islamologue.
L’objectif pour le nouveau conseil est d’aller à la rencontre des musulmans pour les consulter.
« Nous voulons aller à la rencontre des communautés musulmanes belges pour les sonder, une consultation à grande échelle des différentes organisations et fédérations musulmanes. Il s’agira de faire un inventaire de ce qui a fonctionné et de ce qui a moins bien fonctionné et de tirer les enseignements. L’idée est de mettre les chantiers en route. Je suis convaincu que ce qui compte, si les choses sont gérées de manière transparente et avec honnêteté, 60 % du travail sera accompli. L’été s’annonce donc très chargé. »
Le Conseil Musulman de Belgique devrait être effectif dans les prochains jours après parution au Moniteur belge de l’arrêté royal pris par le ministre de la Justice.
Une nouvelle équipe qui promet de gérer différemment et en concertation avec les principaux intéressés.
Le temps nous dira si ce nouvel organe accouchera d’une souris ou au contraire se montrera à la hauteur de l’enjeu