
Par Mohamed Azouzi
Ce 16 avril 2025, Georges-Louis Bouchez, président du Mouvement Réformateur (MR), a récidivé. Dans une nouvelle sortie publique, il a ciblé les Marocains vivant en Belgique, insinuant qu’ils profiteraient indûment des allocations de chômage tout en possédant des biens au Maroc. Une insinuation discriminatoire grave, injuste, et surtout répétée. Car il ne s’agit plus d’un dérapage ponctuel, mais d’une fixation quasi maladive sur une communauté en particulier : les Belgo-Marocains.
Une communauté pilier de la société belge
La communauté d’origine marocaine représente près de 600 000 personnes en Belgique ( 5%). Elle est active dans tous les domaines : économie, éducation, entrepreneuriat, médecine, industrie, sport de haut niveau, culture, politique… Elle participe pleinement à l’essor du pays, en toute légitimité depuis des décennies.
En 2024, les Marocains ont été les premiers bénéficiaires des naturalisations belges : un symbole fort d’intégration réussie et de reconnaissance mutuelle. Dans les entreprises, les universités, les hôpitaux, les administrations, les Belgo-Marocains bâtissent la Belgique de demain. Et pourtant, au lieu de valoriser cet apport, certains responsables politiques préfèrent désigner des boucs émissaires.
Une stigmatisation injuste et méthodique
Ce que fait Georges-Louis Bouchez depuis plusieurs années, c’est transformer une question administrative – le contrôle du patrimoine à l’étranger – en une attaque ciblée, publique, médiatique et répétée contre une population. Pourtant, la législation belge est la même pour tous: tout citoyen doit déclarer ses biens, qu’ils soient situés en Belgique ou à l’étranger. Il n’y a ni exception, ni immunité, ni régime de faveur.
Alors pourquoi toujours pointer les Marocains ? Pourquoi cette obsession ? Pourquoi cette volonté d’assimiler une nationalité, une origine, à une supposée fraude ? Cela s’appelle de la stigmatisation politique, et elle n’a pas sa place dans une démocratie moderne.
Je suis Belgo-Tunisien… avec une marocanité dans l’âme
Je suis Belgo-Tunisien. Mais j’ai la marocanité profondément ancrée dans l’âme et en suis fier. Et à ce titre, je ne peux rester silencieux. Car ces attaques visent mes amis, mes voisins, mes proches. Elles visent des pères de famille, des mères dévouées, des jeunes pleins d’avenir, qui n’ont d’autre tort que de porter un nom ou de garder un lien affectif avec la terre de leurs ancêtres.
Et ce qu’il y a de plus hypocrite, c’est que lorsqu’il s’agit de s’envoler à Marrakech pour se divertir* entre palaces, rooftops et soirées ensoleillées, certains oublient bien vite leurs discours accusateurs. Le Maroc devient soudain une destination de rêve, loin des invectives politiques. Le double discours est flagrant : le Maroc est bon à consommer, mais ses enfants à condamner.
Appel aux autorités marocaines: il est temps de réagir
Je m’adresse solennellement aux autorités du Royaume du Maroc, en Belgique et ailleurs : ne laissez plus passer cette stigmatisation sans réaction. Vos ressortissants, vos binationaux, vos enfants établis à l’étranger, attendent un soutien clair, visible et ferme.
Les relations entre le Maroc et la Belgique sont solides, stratégiques, amicales. Elles doivent aussi être protectrices pour celles et ceux qui incarnent ce lien humain entre les deux pays. Riposter légitimement ne relève pas de l’ingérence dans ce cas de figure.
Une Belgique plurielle, pas populiste
Georges-Louis Bouchez ne défend pas la Belgique. Il divise. Il ne protège pas le vivre-ensemble. Il le fissure. À force de provocations, il se transforme en *clown politique tragique, à qui il ne manque qu’un nez rouge… sang.
La Belgique mérite mieux. Elle mérite une politique du respect, pas du rejet. Une politique d’unité, pas d’humiliation.
Et moi, citoyen belge, je resterai debout. Avec tous ceux qui refusent l’indignité.
Mohamed AZOUZI
SOS CITIZENS asbl
Bruxelles, le 16 avril 2025
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