Après la décision américaine en 2020 de reconnaître officiellement la marocanité du Sahara, les regards se tournent vers la deux autres puissances internationales, à savoir la France et le Royaume-Uni, où quelque chose se prépare pour bientôt.
Historiquement, il y a toujours eu une certaine concurrence entre la France et le Royaume-Uni sur le plan économique mais également dans certaines institutions comme l’Union européenne du temps où les Anglais étaient toujours membres de l’UE.
Aujourd’hui, le dossier du Sahara marocain pourrait se transformer en un nouveau dossier qui capte l’attention des responsables des deux côtés de la Manche. Après la décision américaine en 2020 de reconnaître officiellement la marocanité du Sahara, les observateurs de la scène internationale pensent qu’il n’est plus question que de temps pour qu’une nouvelle grande capitale occidentale franchisse le pas. A Paris comme à Londres, les appels se font de plus en plus nombreux pour officialiser la reconnaissance de la marocanité du Sahara avec à la clé un partenariat privilégié avec le Maroc qui a déjà pris une décision souveraine de considérer le dossier du Sahara comme le prisme à travers lequel il regarde tous ses partenariats. Le signal a bien évidemment été capté par la France et le Royaume-Uni.
Depuis quelque temps, les responsables politiques français comme ceux anglais se sont sérieusement saisis de la question. Il y a quelques jours et dans le cadre d’une conférence organisée par la Fondation Links, l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a jeté un pavé dans la mare concernant la question du Sahara. M. Lecourtier a ainsi reconnu qu’il serait «illusoire et irrespectueux de penser pouvoir construire un avenir ensemble avec le Maroc sans clarifier la position de la France sur la question du Sahara». Il a souligné l’importance de ce sujet pour le Maroc, qui a fait du règlement de ce conflit une priorité de sa politique étrangère. «Comment voulez-vous qu’on puisse prétendre avoir ces ambitions sans prendre en compte les préoccupations majeures du Royaume sur la question ?», a-t-il lancé devant son auditoire. Mais ce sont les déclarations du chef de la diplomatie française, qui a fraîchement pris ses quartiers au Quai d’Orsay, qui ont le plus attiré l’attention. Sur les colonnes du quotidien français Ouest France, le ministre français des affaires étrangères Stéphane Séjourné a fait des déclarations jugées encourageantes. «On a eu plusieurs contacts depuis mon arrivée» en poste, le 12 janvier dernier, avec les Marocains, avait-il indiqué. Et de poursuivre : «Le président de la République m’a demandé personnellement de m’investir dans la relation franco-marocaine et d’écrire aussi un nouveau chapitre de notre relation. Je vais m’y attacher». Le diplomate en chef français a expliqué sur le sujet du Sahara marocain que la France a toujours été au rendez-vous, avec un soutien clair et constant de la France au plan d’autonomie marocain depuis 2007. «Nous ajoutons qu’il est désormais temps d’avancer». «Je ferai tout dans les prochaines semaines et les prochains mois pour que la France et le Maroc se rapprochent» et ce, «avec le respect des Marocains», promet-il. A noter que lors d’un point de presse du Quai d’Orsay, le porte-parole du ministère français des affaires étrangères, Christophe Lemoine, avait confirmé, jeudi dernier, le projet de visite du nouveau chef de la diplomatie française au Maroc.
Outre-manche
De l’autre côté de la mer de la Manche, les appels se font de plus en plus pressants pour adopter une position claire concernant le Sahara. Un influent député britannique avait appelé à reconnaître la marocanité du Sahara il y a quelques semaines. Le Royaume-Uni doit offrir son plein soutien au Maroc et reconnaître sa souveraineté sur le Sahara, avait affirmé le député britannique Liam Fox qui fut également ministre de la défense du Royaume -Uni. «Avant ma visite au Maroc, j’ai adressé une lettre écrite au ministre britannique des affaires étrangères David Cameron, afin d’attirer son attention sur le retard qu’a pris le Royaume-Uni sur la question par rapport aux États-Unis», a indiqué M. Fox dans un entretien accordé à Medi1TV. «Nous devons offrir notre plein soutien au Maroc et reconnaître sa souveraineté sur le Sahara», a-t-il soutenu, soulignant qu’au-delà des opportunités économiques que cela offre, «c’est un élément important pour la stabilité et la sécurité de la région». «J’ai rappelé à M. Cameron, qui est un ami et dont j’ai été membre du gouvernement lorsqu’il était Premier ministre, l’importance du Maroc sur la scène multilatérale tant au niveau politique qu’économique», a-t-il poursuivi.
«De plus en plus de députés britanniques sont convaincus par l’approche du Maroc pour la résolution de ce différend. Ils sont même quelque peu frustrés du peu d’avancées réalisées par Londres sur la question», a fait savoir M. Fox. Selon lui, c’est le réalisme de l’approche marocaine qui permet de réaliser des avancées sur la question. De son côté, le parlementaire du Parti conservateur britannique Daniel Kawczynski avait appelé le gouvernement du Royaume-Uni à reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara. «J’ai posé beaucoup de questions au sein de notre Parlement (…) pour savoir quand nous allons reconnaître le Sahara marocain comme partie intégrante du Royaume du Maroc», a souligné M. Kawczynski dans une déclaration à la presse à l’issue des entretiens d’une délégation de parlementaires britanniques avec le ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.
Le responsable britannique a, en outre, mis l’accent sur le statut privilégié dont jouit le Maroc en tant qu’«allié extrêmement important» du Royaume-Uni. Il existe d’ailleurs comme un ballet diplomatique ces dernières années entre les deux Royaumes. Le Maroc a reçu à maintes reprises la visite du ministre d’Etat britannique en charge du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, de l’Asie du Sud et des Nations Unies, Lord Tariq Ahmad de Wimbledon, sans oublier les appels téléphoniques.
《 Mission économique
Des sources médiatiques viennent d’annoncer que Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances français, devrait visiter Rabat en avril prochain à la tête d’une délégation française qui participera au Forum d’affaires Maroc-France 2024. Le Forum, organisé par le Mouvement des Entreprises de France International (Medef) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) prévu du 24 au 26 avril 2024, vise à dynamiser les échanges commerciaux et les investissements entre les deux pays avec la participation de grandes entreprises françaises et marocaines, pour discuter des opportunités de partenariat et de coopération. De son côté, Javier Encias, haut responsable à l’Autorité britannique des infrastructures et des grands projets (AIP), vient de visiter le Maroc. Le responsable britannique était accompagné de Simon Martin, ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc. En effet, la délégation de l’Autorité britannique des infrastructures et des grands projets a effectué une visite au Maroc du 19 au 23 février. L’objectif étant de s’entretenir avec les hauts responsables marocains, en vue d’explorer les opportunités existantes pour le soutien de la réalisation de grands projets et de programmes d’infrastructures. Les membres de la délégation ont eu plusieurs entretiens avec les organes gouvernementaux impliqués dans les projets d’infrastructures, dont le ministère des finances, la Trésorerie du Royaume, le ministère de la santé ainsi que l’ONCF. L’objectif est de mieux comprendre les priorités et les défis du pays et à identifier les opportunités pour le développement d’infrastructures abordables, durables et socialement inclusives.》
Mohamed Madrane